Electronic Trade Union Network for an Equitable Digitalization.
Réseaux syndical pour une transition numérique juste et équitable.
Contexte :
Depuis une petite dizaine d’années, les initiatives qui tentent d’ubériser (précariser) notre société et notre travail se développent. Le problème, c’est que sous prétexte d’amener du progrès et de révolutionner l’économie, ces initiatives entrainent surtout une dégradation des conditions de travail et une précarisation de l’emploi. A côté de l’ubérisation et des plateformes numériques, la robotisation frappe également nos industries et même les petites et moyennes entreprises. Les robots libèrent les travailleurs de tâches pénibles et répétitives mais ne leurs assurent pas de retrouver facilement un emploi. Pourtant, ils permettent aux possédants de réaliser des gains de productivité énormes.
La numérisation telle que nous la connaissons actuellement fait grimper les inégalités en tout genre, impose le modèle idéologique de la Silicon Valley et contribue toujours plus à une mauvaise répartition des richesses. Elle est un « progrès » qui met à l’écart les travailleuses et les travailleurs. Un progrès réservé à une élite qui encourage la concurrence et le dumping entre les citoyens du monde. De plus, les plateformes capitalistes numériques telles que Uber, Deliveroo, Airbnb, Amazon Mechanical Turk, sous prétexte d’être des nouvelles entreprises, contrecarrent les lois et contournent les contraintes légales en matière de droit social ou de droit fiscal. Amazon et Google sont les champions de l’évitement fiscal. Uber et Deliveroo licencient abusivement leurs travailleurs en un simple clic via la déconnexion de leur compte. Amazon Mechanical Turk, Upwork et FouleFactory offrent un salaire ridiculement bas aux Crowdwokers répartis dans le monde entier. TaskRabbit, Listminut, Tripadvisor redéfinissent l’évaluation des prestations en quottant sans critères et sans contrôle les travailleurs, les utilisateurs, les restaurants ou autres prestataires nous faisant rentrer dans un système de réputation odieux.
Les défenseurs et les représentants des travailleurs tentent tant bien que mal de s’organiser pour encadrer et contrôler ce progrès qui bouleverse les codes. Partout dans le monde, des luttes naissent pour contrer cette nouvelle forme d’aliénation moderne. Uber est mis à mal au Canada, en Espagne, en Belgique, en France, en Italie, etc. Deliveroo subit des grèves à répétition en Belgique, en Espagne, en France, en Italie, aux Pays-bas, etc. Les travailleurs des plateformes s’organisent et réclament de vrais droits et de meilleures conditions. Ils créent des collectifs, construisent des plateformes coopératives ou intentent des actions en justice. Certains employés engagés comme faux-indépendants arrivent même à revaloriser leur statut en un statut de salarié.
Du côté syndical, on commence à s’organiser, à prendre position face à ce nouveau monde et sa nouvelle économie, son idéologie et sa vision du travail. Les syndicats créent des plateformes pour les Crowdwokers comme en Allemagne, attaquent les plateformes capitalistes en justice, comme en Angleterre, en Belgique, en France ou descendent sur le terrain pour épauler les luttes des coursiers, des chauffeurs Uber et autres travailleurs de l’ère numérique. Cependant, les échanges de pratiques et d’expériences syndicales ne sont pas systématiques et fréquents. Il reste par conséquent toujours difficile de comparer ce qui fonctionne et ce qui fût un échec. Il est toujours compliqué d’outrepasser les frontières pour améliorer les luttes. Il est donc temps de communiquer et d’échanger sur les bonnes pratiques en matière d’encadrement et de luttes syndicales dans ce nouveau monde numérique, surtout qu’on n’arrête pas le progrès !
Une plateforme d’échange de pratiques et d’expérience
C’est ici qu’intervient la plateforme E-Tuned. Son objectif est d’être une plateforme en ligne qui facilite l’accès aux expériences, aux pratiques, aux études, aux témoignages, aux initiatives des syndicats du monde entier. Comment les syndicats espagnols travaillent-ils avec les coursiers à vélo ? Comment les syndicats français réagissent face à Uber ? Comment les syndicats allemands se positionnent face aux crowdworkers et aux micro-taches ? Comment les syndicats du Danemark organisent les femmes de ménage présentent sur les plateformes ? Bref, il s’agit de faire face ensemble aux enjeux posés par la numérisation et de trouver les moyens de défendre les travailleurs.
Les innovations technologiques, les plateformes capitalistes, les robots industriels, les objets connectés, les intelligences artificielles et autres technologies surgissent tous les jours et influencent notre quotidien ainsi que le monde du travail. Pour répondre, aussi rapidement avec cohérence à ces changements, une plateforme pour une transition numérique juste et équitable semble une bonne idée et d’époque.